Thème Mixité, inégalités et émancipations

Si la question des inégalités sociales est centrale dans les premiers travaux de sociologie de l’éducation, celle des inégalités et de la mixité, dans le sens sexué, a émergé très tardivement en sciences de l’éducation. Ces travaux ont interrogé l’évidence du lien entre mixité et égalité. En effet, si la mixité scolaire, dans le sens d’un égal accès des filles et des garçons à tous les savoirs, à tous les lieux de savoir, marque un pas vers l’égalité, l’institutionnalisation et la généralisation progressive de la mixité n’ont pas empêché les inégalités de se produire et reproduire (Mosconi, 1989). Pour autant, qu’on se demande si Les hirondelles de la mixité font le printemps de l'égalité, pour reprendre M. Ferrand (1995), doit-il nous faire renoncer à cet idéal, en mettant par exemple en avant qu’elle nuirait aux garçons (Fize, 2003) ?

La réflexion sur la mixité se situe au croisement de la sociologie, de l’histoire mais aussi de la philosophie et des sciences politiques. En effet, c’est la question des enjeux et des finalités qui est posée : si la mixité ne fait pas la démocratie (Baudoux & Zaidman, 1992), elle constitue un projet utopique de société (Marry, 2004), ce qui nous renvoie à l’enjeu d’émancipation.

Aujourd’hui, non seulement la question du devenir d’enfants migrants ou descendants de migrants (Felouzis, 2016 ; Brinbaum et al., 2016), celle des discriminations (re)produites par l’institution scolaire elle-même (Dhume et al., 2011) ont pu être posées dans les recherches en éducation, mais encore une nouvelle grille de lecture émerge, la visée étant d’interroger la complexité des processus à l’œuvre, l’imbrication de rapports sociaux, de rapports de domination qui traversent et travaillent les histoires des sujets, les espaces d’éducation et de formation, les pratiques, les curricula… Outre les dimensions épistémologiques et méthodologiques en jeu, on peut se demander dans quelle mesure l’introduction d’une approche intersectionnelle renouvelle la pensée sur l’égalité, sur l’émancipation, mais aussi sur les pratiques pédagogiques.

Sont attendues des propositions de communication qui explorent ces pistes, y compris d’un point de vue critique, et selon des angles pluriels (sociologiques, historiques, pédagogiques, philosophiques…).

 

Table-ronde : jeudi 19 octobre 16h-17h30
Coordination : Nicole Mosconi (Paris Ouest Nanterre la Défense)
Intervenants pressentis : Marie Duru-Bellat (Science Po Paris), Caroline Dayer (Genève), Fabrice Dhume (Paris Diderot), Gaël Pasquier (Upec),

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